« Hep taxi !» et le conducteur du taxi ralentit avant de s’immobiliser en serrant sur sa droite :

  • « Vous êtes libre ? interroge la jeune femme en tailleur Prince de Galles qui vent à la rencontre du chauffeur
  • Pas vraiment ! lui répond celui-ci
  • Pourtant votre enseigne est éclairée en vert…
  • Effectivement, mais (…) voyez-vous, c’est un peu plus compliqué que cela.
  • C’est-à-dire ? s’enquiert la cliente, curieuse d’obtenir réponse à la fois à sa question et également à son besoin de déplacement.
  • Sans vouloir rentrer dans des explications techniques qui vous retarderaient et moi aussi, je dirai simplement que ma règlementation m’empêche de vous prendre en charge ainsi « à la volée », notamment parce que je ne me trouve pas dans mon secteur de maraude autorisée.

Déçue et étonnée, mais compréhensive, cette cliente interroge notre chauffeur sur la raison qui l’a conduit malgré tout à immobiliser son taxi.

  • Je ne vais tout de même pas vous laisser dans l’embarras et si vous voulez bien me donner votre destination, je vous envoie un confrère qui a sa licence ici. »

Aussitôt dit, aussitôt fait et moins de 5 minutes plus tard, cette charmante « businesswoman » embarque à bord d’un nouveau taxi, après avoir remercié son premier chauffeur et l’avoir gratifié d’un large sourire et d’un signe amical de la main.

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Cette petite « scénette » d’apparence naïve, illustre avec simplicité et bienveillance ce que devrait être la réalité de l’exercice de notre profession au service d’une clientèle qui bien que n’en maîtrisant pas toujours les codes et les règles, apprécie généralement de s’adresser à de vrais professionnels, je veux dire « dignes de ce nom ». C’est même la plupart du temps cette motivation qui est à l’origine du choix fait par le client d’un taxi par rapport à l’alternative d’autres prestataires de transport particulier de personnes.

Pour autant, cet égard qu’une partie non négligeable de notre clientèle nous accorde encore, doit se mériter et impose en retour la considération et le respect non seulement de cette dernière, mais également celui des autres membres de notre corporation (confrères/consoeurs taxi) ainsi que de l’ensemble de nos partenaires qu’ils soient donneurs d’ordre (affréteurs) ou institutionnels (administration, forces de l’ordre…).

Á ce sujet, il est une notion élémentaire, pourtant largement bafouée, sur laquelle repose les fondements de notre activité : je veux parler de l’autorisation de stationnement et du périmètre géographique dans lequel elle a vocation à être exercée. Je cible très précisément les dérives devenues multiples voire exponentielles en matière de respect des règles de maraude et des zones de prise en charge pratiquées par de trop nombreux « cow-boys » que je ne qualifierai pas de fait de professionnels, même s’ils en ont officiellement le titre.

Trop nombreuses sont aujourd’hui les « licences » de taxi transmises ou délivrées à titre gratuit qui font l’objet d’une « téléportation » de l’activité de leur titulaire à plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres de leur zone de rattachement, ce qui a pour conséquences :

  • dans un certain nombre de cas d’usurper la confiance des maires des communes qui ont délivrés lesdites autorisations dans le but de servir en priorité leurs administrés
  • de créer une pénurie, voire une disparition de l’offre de service taxi dans les secteurs concernés (le plus souvent des villes moyennes ou des communes semi-rurales)
  • de provoquer des tensions entre professionnels ainsi qu’une désorganisation de l’activité dans la zone attractive sur laquelle l’exploitation est reportée. Il s’exerce alors une distorsion de concurrence entre les taxis locaux et ces prestataires que je n’hésite pas à qualifier de « parasites »

 

Il serait plus honorable pour ces fauteurs de troubles ignorant ou bafouant sciemment les règles qui les concernent de se tourner ou se retourner vers la pratique du VTC a priori plus adaptée à leur « logiciel », activité au sein de laquelle s’ils veulent se faire une place et un nom, ils auront néanmoins à faire preuve d’un tant soit peu de probité et d’honnêteté.